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Photo du rédacteurOlivier Francheteau

Il n'y a pas de meilleure compagnie que la décoration

Dernière mise à jour : 21 mars 2023

Old-new, maximalisme, wabi-sabi, hygge, bohème chic, etc, les nouveautés en décoration ne manquent pas, mais doit-on vraiment suivre toutes ces nouvelles tendances ? Ne serait-il pas préférable de développer son propre style pour raconter plus justement sa propre histoire et percevoir alors la décoration comme une amie qui tient compagnie pour la vie ?

Un petit miroir doré pour se souvenir du passé


Si vous suivez mon travail, vous n’êtes pas sans savoir que je suis assez opposé aux nouvelles tendances en décoration d'intérieur qui seront rapidement démodées l’année suivante. Ces modes éphémères incitent à la surconsommation quand l’heure est à la sobriété écologique (qui m'a poussé à écrire 6 bonnes raisons d'acheter du mobilier vintage) et, surtout elles n’épousent en rien la personnalité de l’occupant des lieux. Il n’y a pas de « sens de la maison » comme l’appelle Mario Praz, critique d’art et auteur de Histoire de la décoration d’intérieur. Dans un décor aussi accueillant qu’intensément habité, Mario Praz lit le signe d’un certain rapport à la connaissance qui irrigue toute la personne, cherchant via la décoration à exprimer une sorte d’extension artistique de soi. Il s’agit bien ici de plonger dans sa propre histoire et d’y puiser les inspirations nécessaires pour nourrir la décoration. Procéder ainsi aide à dépasser les modes et à cultiver un intérieur comme on cultive son jardin selon Voltaire. Chaque accessoire acheté résulte donc d’un écho à sa propre histoire, d’un coup de coeur aussi naturel que personnel. L’objet se voit alors adopté, intégré, conservé avec soi, déménagement après déménagement, en le laissant témoigner de son influence au fil du temps. Le sociologue Hartmut Rosa parle même de compagnonnage : les accessoires de décoration, le mobilier que l’on garde longtemps deviennent partie intégrante de notre identité et de notre histoire. Le moi s’étend alors vers le monde des choses, et les choses à leur tour deviennent des habitantes du moi.


Ce compagnonnage atteint probablement son paroxysme avec la mort qui permet de mesurer à quel point les personnes débordent sur les choses, et inversement. Il nous est à tous arrivé de visiter la maison d’un défunt et d’imaginer qu’il va réintégrer les lieux tant sa présence est palpable par la force de la décoration qui entretient un lien fort avec le défunt tant elle est incarnée.

Un moulin à café, objet emblématique du passé, peut trouver aussi sa place dans une cuisine contemporaine.


2 autres exemples illustrent la force de ce compagnonnage. Mes parents ont malheureusement vu leur maison brûler en 2020, et ils m’ont confessé qu’ils avaient l’impression de renaître après avoir tout perdu dans ce tragique incendie. Ils se sentent dorénavant comme vierges de toute histoire puisque ne pouvant plus matériellement témoigner de leur parcours de vie. Logés temporairement dans une location durant les travaux, mes parents se voient déstabilisés par le manque de repères, par la perte de meubles familiers que l’on utilise tous les jours comme un fauteuil confortable pour faire une petite sieste après le déjeuner. Leur quotidien se trouve ainsi bouleversé et une toute nouvelle décoration pour leur maison est à imaginer pour raconter à nouveau leur histoire.


Enfin, et de manière plus positive, chaque retour de vacances souligne l’attachement que l’on porte envers son intérieur, qu'il s'agisse d'une maison ou d'un appartement. Quel bonheur d’arriver à la maison et de retrouver ses objets, sa décoration si personnelle, la douceur et le charme du foyer familial, comme un cocon enveloppant qui caresse, qui réconforte, et qui protège.

Un calendrier vintage avec Sissi, assurément une belle madeleine de Proust.


On note alors aisément que la décoration de la maison n’est pas anodine. Immanquablement la décoration raconte un statut social, une histoire, une passion, une culture, un territoire. Le rôle du décorateur est de traduire intelligemment l’ADN protéiforme de son client et de le protéger contre les modes, contre la facilité à acheter sans avoir une vision globale de son intérieur. Le rôle du décorateur est d’éveiller la rêverie qui sommeille dans chaque client, et de lui donner de l’ampleur pour in fine un maximum de bien-être. Si le client est le seul à connaître entièrement son histoire, le décorateur est le seul à pouvoir valoriser cette histoire grâce à son écoute, mais aussi son savoir faire tant par la créativité de son projet que par le choix des matières, matériaux, et couleurs. Il est le seul grâce à une distanciation nécessaire à pouvoir magnifier la beauté d’une vie.


Aussi me paraît-il essentiel de prendre le temps de bien interroger mes clients sur leur histoire, leurs loisirs, leurs passions, etc lors du premier rendez-vous pour un projet de décoration clé en main. Condition indispensable pour raconter fidèlement l'histoire et la personnalité du client par la décoration d'intérieur.


Crédit photos Loïc Thébaud

 

Le décorateur d'intérieur Olivier Francheteau accompagne les particuliers dans la personnalisation de leur décoration par des projets clés en main.

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